2022, Published in "FINALE 2021"édition des Beaux Arts de Paris. Written by
Makis Malafékas
Comment représenter l’acte de chercher ?
Les figures humaines sur les peintures de Zélie Nguyen sont courbées et immobiles. Ces êtres, dont il est impossible de dire s’ils sont hommes ou femmes car réduits à leur fonction, existent dans des paysages paisibles à la perspective mi-Renaissance, mi-peinture métaphysique à la De Chirico et Morandi.
Des territoires qui donnent l’impression de détenir la clé de quelque énigme, car ils semblent être conçus comme des lieux où il ne reste pas grand chose à modifier ou à trouver et qui pourtant, selon la conception globale de l’artiste, sont exactement ça : « Des paysages qui abritent des chercheurs qui creusent dans leur ombre. »
Et c’est au sein de cette contradiction picturale que gît la réponse. Le regard du spectateur a beau explorer les textures enveloppantes du paysage, se réfugier dans les détails du fond de chaque toile, il retournera toujours sur ces figures qui restent religieusement voûtées sur ces bouts de terre délimités par leur propre ombre. Une allégorie de l’aliénation contemporaine ? Un commentaire
sur l’angoisse de la connaissance de soi ?
Quoi qu’il en soit, en observant la disposition de ses archéologues d’eux-mêmes on ne peut s’empêcher de penser au mythe de Narcisse : ce jeune homme qui passa sa vie recueilli devant son reflet et sur les eaux d’un lac impassible, pour finir par se faire encapsuler dans un monde physique arcadien qu’il n’a jamais osé contempler.